mardi 15 mai 2012

Thérèse Desquéroux

François MAURIAC, Thérèse Desqueyroux, in Œuvres romanesques et théâtrales complètes, tome II, Bibliothèque de la Pléiade - Gallimard, Paris, 1979 (1392 pages). Aussi disponible en format de poche et ePub.

Était-ce en 1969, le cours de Français 101 consacré au roman ? J'ai retrouvé la couverture de l'édition de poche, d'une sorte de réalisme expressionniste dont, pour moi, celle du Bonjour Tristesse de Françoise Sagan demeure toujours en mémoire. Livre, celui-là, je l'ai prêté à un ami, il y a quelques temps déjà, qu'avait séduit un regain de ferveur de ma part provoqué par une série d'émissions radiophoniques, chez qui il semble installé à demeure, celui-ci ne l'ayant jamais terminé. Par quelle raison sentimentale suis-je attaché à cette vieille édition de poche au papier jauni et friable des années cinquante -- la prescription acquisitive court-elle toujours ? Mais foin de la digression. J'étais un adolescent sortant comme bien d'autres des Largarde et Michard du secondaire et ne m'adonnant guère au roman -- tous les Bob Morane et autres assimilés que dévoraient mes rares amis --, leur préférant les biographies et livres d'Histoire, notamment ceux de la collection La vie quotidienne au temps de ..., au grand déplaisir de certains de mes maîtres, lesquels eussent préféré me voir lire davantage de fiction, et pourtant, n'y a-t-il pas plus fertile pour l'imagination que ces vies illustres des temps anciens  ? Rois et reines, papes et présidents, j'étais insatiable et intarissable.

1969, et au programme Le père Goriot, Thérèse Desqueyroux et L'avalée des avalés. On n'accusera pas les bons pères de la Compagnie d'obscurantisme littéraire, ou bien était-ce le programme imposé par le ministère ? 1835, 1927 et 1966. Pour nous, la deuxième date était comparable à la première pour ce qui est de l'ancienneté, un livre ayant l'âge de nos parents n'était pas moins vieux -- périmé ? que le premier, témoin : on s'y déplaçait encore en calèche. Écoutait-on alors de la musique vielle de quarante ans ? Et pourtant, aujourd'hui, je ne gagerais pas que le benjamin de ces titres ait mieux vieilli que les ainés; ou bien est-ce une des conséquences de mon propre vieillissement ?

Thérèse Desqueyroux, donc. Et grâce à Marguerite D., car tels sont les mystères des correspondances littéraires. À peine quinze ans séparent ces deux romans, le premier sous la plume d'un quadragénaire déjà installé dans les lettres, le second, d'une inconnue qui se cherche encore une voix : l'un et l'autre  bourgeois et ruraux.

Le hasard faisant bien les choses, j'apprends que l'adaptation cinématographique qu'en a faite le réalisateur français Claude Miller, récemment décédé, sera le film de clôture du Festival de Cannes. Dans le rôle titre, Audrey Tautou.

Nous y reviendrons.

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