mardi 8 mai 2012

Les souvenirs sont au comptoir

Angelo RINALDI, Les souvenirs sont au comptoir, Fayard, Paris, février 2012 (376 pages); support papier et epub sous DRM.


Me voici, enfin, parvenu, si j'ose dire, au bout du comptoir, dont j'aurai fait, deux fois plutôt qu'une, le tour, l'ayant rapidement relu le weekend dernier, le tout sur liseuse (et, à l'occasion, sur la tablette). Il en a déjà, sur ces pages, amplement été question, mais, las! je crains de ne pas avoir persuadé au moindre d'entre vous qu'il fallait le lire. Aurais-je dû, mortel, glisser et non point appuyer ? Quoiqu'il en soit, en un ultime rappel, le rideau tombé, ayant déjà traité du style, je me contenterai de vous en esquisser l'intrigue.

En quelques mots : Conti se remémore un dîner donné par Delozier, un confrère, il y a un quart de siècle pour souligner son quarantième anniversaire de naissance où sont conviés une quarantaine de personnalités. Conti ? Est-ce une référence au quai du même nom où se trouve l'Institut de France, sous la coupole duquel siège l'Académie française, cénacle où un certain Rinaldi est, en 2001, entré dans l'immortalité ? De plus, ce Conti, agent de finance dans une grande banque est, comme l'auteur, originaire de Corse, qui, si j'ose la comparaison, est, s'agissant de ses mœurs, à la France ce que la Sicile est à l'Italie. Je me risque à affirmer que les véritables protagonistes du roman sont les souvenirs d'une vie remontant à la surface de la mémoire comme autant de bulles d'air à celle d'un plan d'eau et qui se fondent les uns dans les autres appelant et rappelant personnages et situations depuis une enfance insulaire jusqu'à une vie dans le monde de Paris -- de la banque, de la presse. S'il arrive qu'un nom prend du temps à se fixer sur un visage de naguère ou d'autrefois, il finira toujours par apparaître, fût-ce grâce à des souvenirs parallèles, et le récit de rejaillir vers de nouvelles évocations, le présent ne servant que d'appui à un mouvement perpétuel d'innombrables « hier encore... ».

Au bout du compte, les souvenirs ne sont-ils pas les plus beaux, et durables, monuments funéraires ?

(version remaniée 2012.05.09/20:22)


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