lundi 19 mars 2012

Pastiche

Patrick RAMBAUD, Cinquième chronique du règne de Nicolas Ier, Grasset, Paris, janvier 2012 (200 pages).

Pour être en Rinaldi, l'on n'en est pas moins, le premier soleil de printemps ? volage, on se croirait presque, nul ne pouvant plus se plaindre des neiges quasi-éternelles du Plateau, à la campagne, et comme la France y est, officiellement depuis hier, entrée, en campagne, l'on n'hésite pas, la dame de la bibliothèque y ayant mis du sien, à faire une brève mais fort distrayante excursion du côté du petit duc de Saint-Simon qui aurait, ramené d'outre-tombe par Patrick Rambaud, franchi les siècles et nous ferait la chronique de la cour du pipole des pipoles, le glorieux souverain du Sarkoland (ou ne serait-ce pas, plutôt, la Sarkozie ?).

On ne les connaît pas tous, nous de la lointaine Nouvelle-France, et si négligée, merci Voltaire, ces ducs et baronnes de la cour et de l'Empire -- mais vous reconnaîtrez le grantintellectuel, M. de Béhachel, vicomte de Saint-Germain, lequel s'en alla sauver la Lybie --, mais qu'importe on s'en régale.

Témoin, ce premier paragraphe, qui vous campe le (triste) sire.
« Le prince changeait souvent d'opinion car il n'en possédait point en propre; par cela, qu'il appelait le pragmatisme pour se dédouaner d'une pareille absence, il désarçonnait le peuple comme ses courtisans. Notre Verbeux Leader tonnait le lundi contre une finance qu'il dépensait le mardi à des futilités, et il oscillait sans souci entre les extrémités de la gauche et de la droite. Les faits divers des gazettes, sur quoi il aimait à se modeler, lui apportaient sa moisson quotidienne de mesures à prendre sans réfléchir, les larmoiements faciles, des discours sans suite. Il naviguait dans le courant des circonstances, par nature changeantes, ce qui le rendait moderne puisque l'époque avait perdu toute mémoire, tout horizon, toute vérité, et qu'on n'y vivait plus qu'une série d'instants qui se détruisaient. »
 Présentation de l'éditeur :
« L’année qui court du merveilleux texte de Grenoble jusqu’à la chute fracassante de l’Archiduc de Washington marque-t-elle un règne nouveau ?

» La précédente chronique nous laissait sur le feu d’artifice de l’affaire Woerth-Bettencourt. Que de passions ! Que d’influence ! Mais l’ancien perce sous le nouveau, et les mallettes de billets circulent toujours, sans étouffer la crise économique.

» Face aux menaces, le Prince de l’Elysée est serein. Il fait la leçon au marquis de Matignon, un cours de macro-économie à la pauvre Angela, et emprunte quelques drônes à son ami Obama. Moraliste ici, conseiller occulte là, taiseux et sincère, le Monarque nouveau genre décide même de libérer la Libye. Bref, préparer l’avenir partout sauf ici, car le chômage guette, et les juges travaillent : l’enfant de 2012 fera-t-il oublier les jacqueries ?

» Les années passent, Patrick Rambaud reste, ainsi que son monarque préféré. La légende officielle, les tableaux dorés, les communications princières ne sont pas pour lui. Il poursuit sa cruelle et désopilante chronique, dressant ainsi le véritable tableau du règne... Et de sa fin. »

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