lundi 23 janvier 2012

Philip ROTH, Le rabaissement, traduit de l'anglais par Marie-Claire PASQUIER (The Humbling 2009), Du monde entier - Gallimard, Paris, septembre 2011 (128 pages) Papier + électronique.

Il ne peut y avoir plus différent comme personnage que ceux de Le rabaissement de Roth et de Solidarités mystérieuses de Quignard. Et comme style, ces deux romans: le premier au réalisme psychologique, le second au minimalisme allusif.

Roman construit en trois actes -- le protagoniste n'est-il pas comédien ? que je qualifierais volontiers de tragi-comédie, on est chez Roth après tout. Et très bref.

Que reste-il au comédien qui doute de son talent ? Le mentir ne produit plus de vrai, l'illusion n'est plus crédible. On verra pourtant que Simon Axler n'arrivera ni à trouver « sa » vérité ni à quitter le masque de l'illusion. Ne pouvant plus jouer sur scène, sa vie entière se transforme en mauvaise pièce, et lui en médiocre interprète de lui-même. Pourrait-on y voir une métaphore que Roth nous offrirait pour déguiser ses propres doutes quant à son art ? pourquoi donner dans un psychologisme facile : il vaut mieux se regarder dans la glace qu'il nous tend et se demander qui est ce personnage que l'on y voit.

Présentation :
« Avec ce roman, Philip Roth poursuit sa méditation sur la vieillesse, la mort et la sexualité , seule capable de rendre à l’être vieillissant un semblant de vigueur. Simon Axler est l’un des acteurs les plus connus et les plus brillants de sa génération : une gloire célébrée jusque dans les provinces reculées. Il a maintenant 65 ans, il a perdu son talent, son assurance, la magie qui, tel Prospero, dans La Tempête, le faisait vivre. Axler n’arrive plus à croire en ses rôles, en lui-même, en la vie qui s’en va. Il se regarde être un acteur, un mauvais acteur de surcroît. Ce sentiment d’extériorité le mène à la dépression ; sa femme le quitte, son public aussi, et son agent, un vieillard de 80 ans, ne peut plus rien pour lui, pas même le convaincre de retourner en scène. Obsédé par le suicide, Axler entre à l’hôpital psychiatrique, ce qui accroît son impression d’échec et d’humiliation. Mais Axler va rencontrer, coup de théâtre, une jeune lesbienne, Pegee, qui pourrait être sa fille (il a été très proche de ses parents, acteurs eux aussi, mais acteurs ratés) ; elle va lui inspirer une passion érotique et, ainsi, le ramener à la vie, au sexe, le seul remède. Cependant, loin d’avoir transformé Pegee comme il le croyait, loin d’avoir été son Pygmalion et de l’avoir comblée, Axler s’est nourri d’illusions, creusant ainsi son propre malheur. Car Pegee, l’amoureuse des femmes, reste surtout fidèle à un père possessif. Un roman fort et intense, surprenant, audacieux, comme tout ce qu’écrit Roth.»

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