lundi 21 novembre 2011

Le Roi et la Reine

Ramon SENDER, Le Roi et la Reine, (El Rey y la Reina, 1948, traduit de l'espagnol par Emmanuel ROBLÈS), dessins d'Anne CAREIL, Attila, Paris, 2009 (264 pages).

« L'homme est le roi. L'illusion de l'homme est la reine. Ensemble, ils forment la monarchie qui gouverne le monde. »
Tous les livres ne sont pas égaux. Certains ont été choyés par leur éditeur, et il me semble indiqué de remercier les éditions Attila d'offrir au lecteur de si beaux objets. Les même éditions, chez qui on retrouve Jacques ABEILLE dont Les jardins statuaires ont été ma fête estivale, nous permettent de découvrir un auteur espagnol fort peu connu en version française, Ramon SENDER (1901-1982) dont ce roman aura été ma fête de novembre, le mois des morts. J'en suis arrivé à me persuader que la lecture d'un livre bien édité est plus agréable, suis-je donc une fashion victim de l'édition ? À l'inverse, rien ne me rebute plus que d'ouvrir un livre et de sentir cette entêtante odeur d'acide qui s'en dégage, ou do. nt la typographie est négligée.

Dans un vaste palais madrilène, Madame -- la duchesse d'Arlanza -- vit dans l'innocence aveugle d'un monde où le privilège est tenu pour un acquis, monde sur lequel s'avancent de sombres nuages : la guerre civile qui s'ouvre fera s'affronter deux réalités incompatibles, rien ne pourra plus être comme avant. Et les gens de ce monde le verront sombrer dans l'irréalité d'une réalité qu'ils ne sont pas en mesure de comprendre : d'inutiles, ils deviendront superflus. Tout s'inverse, tout se pervertit.

Un matin, Madame se baigne nue dans sa piscine et invite Romulo, le portier et chef jardinier du parc du château, à entrer dans la pièce. Devant l'opposition de la camériste, Madame s'esclaffe : « Romulo, un homme ? » Apparemment anodine, cette phrase est lourde de sens, et sera le leitmotiv du roman et de la relation entre les deux protagonistes. « Qu'a voulu dire Madame ? » se demande d'abord Romulo, puis la phrase s'insinue en lui et provoque de troublants songes. Quelques temps après, le palais étant pris par les Républicains, Madame se réfugie au sommet de la tour, et Romulo se voit confier la garde des lieux. De serviteur, deviendra-t-il le sauveur ou bien le gardien, voire bourreau, de Madame ?

Présentation de l'éditeur

« Madrid, 1936. Dans la piscine de son palais madrilène, la duchesse d'Arlanza se montre nue à son jardinier, Romulo, au prétexte que celui-ci " n'est pas un homme ". Mais la guerre civile éclate sur ces entrefaites : le duo va passer la durée de la guerre face à face à l'intérieur du château, dans un huis clos aussi burlesque qu'angoissant. Entre fantômes et fantasmes, chacun se sent à la merci de l'autre, de ses pensées intimes, de ses troubles... Alors que le château est cerné par les Républicains, Romulo tente de protéger la duchesse, mais il est poursuivi par des images de nudité féminine, et des rêves tour à tour sensuels et inquiets. Il amorce, à l'instar du héros du Bourreau affable, une réflexion sur les hasards et la vérité de la vie, sur la sincérité des êtres, sur les rêves et les illusions. Ici, rien de la guerre ne paraît sérieux. Assiégés par leurs folies intimes, quand ce n'est pas par celles du dehors, les personnages du Roi et la reine ne savent plus très bien s'ils sont des hommes ou des femmes, des rêves ou des êtres de chair, des morts ou des vivants. »

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