samedi 31 janvier 2009

Le tombeau d'Achille

Il ne m'arrive pas si souvent d'arrêter de lire un livre. D'autant plus que, en l'espèce, Le tombeau d'Achille, tout y était pour me plaire. Le sujet, Achille, le héros grec, et, c'est l'objet de la collection L'un et l'autre, chez Gallimard, « l'auteur et son héros secret », le lien intime qui les unit. C'est l'émission Les nouveaux chemins de la connaissance qui avait attiré mon attention sur ce livre, qui recevait son auteur dans le cadre d'une série sur les mythes grecs. Par ailleurs, je me collectionne les parutions de L'un et l'autre. En outre, de bonnes critiques. Pourtant rien à faire. Le livre me tombe des mains. À plusieurs reprises. J'en suis à la page 55. Je n'irai pas plus loin. Je n'ai même pas envie d'en analyser les raisons : l'impression d'un texte pompeusement surécrit; l'auteur qui jouit de s'y mettre en scène. Je suis tombé, par hasard, sur un mot du critique Jean-Louis Ézine : « Les écrivains se prennent très vite, souvent, pour eux-mêmes, et ça ne leur réussit guère. » Voilà.

Peut-être plus tard.

jeudi 29 janvier 2009

À jour

Michel ONFRAY, Le souci des plaisirs - construction d'une érotique solaire, Flammarion, Paris, 2008 (192 pages).

J'ai pris beaucoup de retard, et me voici à liquider, si j'ose dire, mes lectures du bout de l'an. Pas beaucoup de romans, vous le constatez, mais des essais. Il faudrait bien que je réfléchisse à ce fait : la fiction, j'en ai toute une pile qui m'attend, ne m'attire pas. J'avoue que j'ai des « périodes », que de la musique de chambre, que du clavecin... sans doute la même chose du côté des livres.

Bref, revenons à notre propos, il n'est pas sage de le commencer par une digression.

Onfray est-il passé de Grasset à Flammarion, ou s'agit-il d'un cas isolé ? Je pourrais prendre quelques minutes sur le web et trouver la réponse, mais, à dire vrai, pour le lecteur, ce fait divers éditorial a-t-il la moindre importance ?

Beau livre, et bref, en tout état de cause illustrant, fort bien, le souhait de l'auteur de nous voir sortir d'une sexualité coupable et souffrante héritée de la religion chrétienne et fondée sur l'adoration, singulier paradoxe, du cadavre d'un dieu au corps qui n'existe pas. Et par la suite, toujours selon lui, les Lumières n'ont pas jeté un nouvel éclairage sur la sexualité, qui ont amené au nihilisme de Sade et Battaille, qu'il analyse brillamment, dont le propre est le mépris des femmes (ne pas dire de la Femme), la haine de la chair, le dégoût des corps, bref prolonge, mais sans dieu, l'obscurantisme chrétien.

Il nous invite au voyage en Inde et à une véritable lecture du Kâma-sûtra, non point un recueil de positions, mais chemin vers la construction d'un corps radieux dans un érotisme solaire -- on notera au passage l'importance de cet adjectif dans l'oeuvre d'Onfray.

Le lecteur qui suit ma périgrination littéraire sait l'influence qu'a sur moi la philosophie d'Onfray, c'est donc en toute subjectivité que je lui recommande ce livre. J'ai trouvé piquant qu'il arrive en libraire tout juste avant Noël, date de la commémoration marchande de la naissance de ce dieu sans sexe... Et je prends toujours autant de plaisir à retrouver son style, sa parole. Même s'il pourra étonner le lecteur moins familier avec la philosophie d'Onfray, ce livre expose le programme « sexualité » de celui-ci en une sorte de manuel -- notre monde est si friand des How to... -- ou plutôt un anti-manuel d'introduction à la pensée si originale du philosophe hédoniste.

Sa conclusion, une éthique de vie :
« Cet ouvrage invite à la construction sexuelle de soi à partir d'un matériau inédit : l'unicité de chacun. L'invention d'une sensualité, la fabrication d'une volupté, la confection d'un plaisir, la création d'une joie ne relèvent d'aucun projet communautaire ou global, collectif ou général, religieux ou politique, mais d'un vouloir propre. Pindare, qui formulait déjà la sublime invitation « deviens ce que tu es »ajoutait dans le même poème, les Odes pythiques : « N'aspire pas, ô mon âme, à la vie éternelle, mais épuise le champ des possibles. » La vie n'y suffira pas, mais au moins aura-t-elle été digne de ce nom. »

lundi 26 janvier 2009

Ah ! ces chers Français.

Le Sarkothon 2009 - Envoyez un livre au président de la République!

Devrait-on, de ce côté-ci de la mare atlantique, lancer un « harpothon » ?

dimanche 25 janvier 2009

Lecture à la carte

Maxime COHEN, Promenades sous la lune, Grasset, Paris, 2008 (384 pages).

Il a bien raison Maxime COHEN, de nous rappeler, dans le chapitre De la manière de lire ce livre, les droits du lecteur. À celui-ci de mettre en pratique sa liberté face à l'ouvrage qu'il tient en main. J'ai donc décidé de butiner m'inspirant de la table des matières.

Ceci dit, ces promenades comportent un risque redoutable pour le lecteur : c'est un livre qui pousse à lire d'autres livres. Témoin, le chapitre Sur la poésie de Stendhal, m'a poussé à me rendre illico en Italie -- et dans ma bibliothèque -- avec Stendhal et Montaigne, dont il met en parallèle le Voyage en Italie et les Essais. Las, mon agenda littéraire vient de ne pas s'alléger.

Et je suis fort heureux de lire, mais est-ce que j'y décèle une subtile ironie ? le chapitre Petit éloge des ordinateurs, l'auteur rappeler que le mot ordinateur, emprunté à Thomas d'Aquin, décrivait « l'une des plus éminentes facultés de Dieu »...

mercredi 21 janvier 2009

Cent jours - La tentation de l'impossible

Emmanuel de WARESQUIEL, Cents jours - La tentation de l'impossible mars-juillet 1815, Fayard, Paris, 2008 (687 pages).

Mon déménagement à Montréal l'été dernier aura été la cause de bien des soucis. Le chapitre Ottawa, un quart de siècle au ministère fédéral de la Justice, refermé, il s'agissait, filons la métaphore, de tourner la page. Las, certaines des commodités qui contribuent à rendre la vie quotidienne sinon plus confortable, du moins plus facile ont décidé qui de se mettre en grève, qui de rendre leur âme d'objet inanimé. Ordinateur et chaîne hifi m'ont laissé coupé du monde et sans musique. Cette dernière vient de m'être rendue depuis peu. C'est en écoutant le disque Versailles - l'île enchantée, dirigé par Skip Sempé, que je vous écris.

Versailles donc. Ou pour être plus précis, les Tuileries où je vous ai laissé, lecteurs (j'ai toujours quelque réticence à utiliser le pluriel tant vous êtes discrets) l'an dernier peu après le départ de Louis XVIII et l'arrivé de Napoléon.

Chacun connaît l'épisode des Cent-Jours. Le vieux roi podagre reprenant le chemin de l'exil, dindon de la farce, chassé par l'Aigle (toujours la métaphore) acclamé par son peuple en liesse. Histoire ? Légende plutôt, ou une des plus belles réussites des dir-com de l'empereur.

L'intérêt du livre de de Waresquiel est de déplacer l'objectif, ce qui nous dévoile un portrait bien différent. S'il est indéniable que les Bourbons ont beaucoup perdu dans l'échec de la première Restauration, on ne peut affirmer que Napoléon, hors la légende construite par la suite, y aura beaucoup gagné. Car s'il est vrai qu'il aura pu sans coup férir revenir de son premier exil, réussissant ainsi son second coup d'État, il ne parviendra pas à se réinstaller au pouvoir : la France dans son ensemble, à l'exception de l'armée, jugera urgent de ne rien faire. Selon l'auteur, c'est l'installation d'une monarchie libérale - un peu à l'anglaise - qui aura été définitivement manquée, et que Louis XVIII aurait pu conduire. Après Waterloo, revenu sur le trône dans les bagages des puissances étrangères, donc relativement discrédité dans l'opinion, celui-ci ne saura plus manoeuvrer entre les libéraux et les ultras-royalistes. Charles X lui succédera avec le résultat que l'on sait. Dans l'intervalle, les partisans de Napoléon sauront construire la légende dorée de l'exilé de Sainte-Hélène.

Triple échec donc que ces Cent Jours. Celui de la branche aînée des Bourbons, celui de Napoléon et, avec la défaite de la France, celui d'une possible démocratie parlementaire.

dimanche 18 janvier 2009

Vacances

Le tourbillon des fêtes du bout de l'an a interrompu ma chronique et ralenti ma lecture. D'autant plus que je butinais d'un roman policier, pourtant fort bien reçu, auquel je n'arrivais pas à m'intéresser à quelques ouvrages, romans aussi bien qu'essais, dont le très beau Promenades sous la lune de Maxime COHEN, lequel ne requiert pas, toutefois, une lecture continue et ininterrompue.

J'en ai toutefois profiter, moins du tourbillon que des trop rares accalmies, pour poursuivre l'écoute des émissions de France Culture, laquelle avait également pris du retard, que je télécharge. Outre Du grain à moudre, je me suis livré à un marathon sur les Nouveaux chemins de la connaissance, cinq émissions sur Claude Levi-Strauss, dont j'ai reçu le volume des oeuvres dans la Pléiade, cinq émissions sur Freud, cinq sur la mort, cinq sur Platon et autant sur Hugo. Ouf. Et chaque fois, l'envie de me précipiter sur les titres mentionnés.

Me voici maintenant d'attaque, et plus constant que l'an passé. Ce qui m'amène à vous souhaiter, ô précieux lecteurs, mes voeux les meilleurs de paix, de bonheur et, soyons francs, de plaisir pour 2009, avec quelques bons livres.

dimanche 4 janvier 2009