mardi 25 novembre 2008

Best Love Rosie


Nuala O'FAOLAIN, Best Love Rosie, traduit de l'anglais (Irlande) par Judith ROZE, Sabine Wespiser Éditeur, Paris, 2008 (531 pages).

A yant terminé la lecture de ce gros roman samedi, j'ai décidé de le laisser reposer un peu dans ma mémoire avant de rédiger mon commentaire. C'est que je n'ai pas été séduit, mais conquis à la longue. En général, je n'aime pas les romans qui comportent beaucoup de dialogues, je préfère la narration et, le plus souvent, le discours indirect. Mais, en l'instance, j'ai fini par passer outre.

Sans doute parce que le sujet a retenu mon intérêt.

Quelques mots tout d'abord de l'intrigue de cet ultime roman de Nuala O'Faolain, décédée à la suite d'un cancer en mai 2008.

Rosie, quinquagénaire tourmentée, revient en Irlande s'occuper de Min, la tante qui l'a élevée, laquelle semble vieillir prématurément dans l'abus d'alcool et la dépression. La cohabitation n'est pas facile, tant elles sont différentes : ce qu'on appelle souvent le choc des générations. Pour tromper sa frustration, Rosie décide d'écrire un manuel à l'intention des séniors, sur le modèle des nombreux How to qui fleurissent aux étals des libraires. Ce qui l'amènera aux États-Unis, où elle rencontrera une ancienne flamme qui travaille dans l'édition. Et ô surprise, Min débarque et, re-surprise, décide de s'installer aux États-Unis. Rosie, quant à elle, retourne en Irlande, avec une vague promesse de contrat d'édition. Le lecteur suivra dès lors le cheminement de l'une et de l'autre, la plus jeune remontant dans le passé de ses origines, l'ainée se lançant dans l'aventure.

Je suis rentrée à la fin de l’été et, pendant deux ou trois mois, je n’ai quasiment pas bougé de ma chaise devant la vieille table de la cuisine. Comme si j’avais pénétré dans une de ces forêts qui, dans les contes de fées, entourent le château où dort la princesse − des lieux où ne bouge aucune feuille et où ne chante aucun oiseau. Je pensais confusément : Tu as ce que tu voulais − et maintenant ? Je me sentais coupée de ma propre expérience, comme si la plupart des choses que j’avais apprises en trente ans de vie, d’amour et de travail autour du globe n’avaient aucune pertinence dans le lieu où j’avais abouti.

En dépit des nombreux dialogues, et d'une grande quantité de courriels, je me suis attaché à la psychologie de Rosie : qu'est-ce que vieillir ? Le corps, et son image, préoccupe Rosie, qui semble obsédée par la séduction et le sexe, mais aussi par l'amour : soi et l'autre. Et aussi par l'héritage qu'elle laissera. Son cheminement s'effectue au fur et à mesure qu'elle restaure une vieille maison qui, autrefois, à appartenu à son père, et dont Min a hérité, mais que Rosie n'a pas connue. Elle vit alors une sorte de retour d'adolescence, une nouvelle période d'apprentissage, comme si la vieillesse qui s'annonce constituait une « autre » vie. C'est ce qui, à mon avis, constitue la réussite du roman : serait-ce parce que j'ai le même âge qu'elle ? Au bout du compte, le voyage intérieur nous amène souvent bien plus loin que le voyage d'un lieu à un autre : ne sommes-nous pas terra incognita de nous-mêmes ?

« La cinquantaine, c’est l’adolescence qui revient de l’autre côté de la vie adulte. »

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